Le rôle de l’expert-comptable est essentiel dans la vie des entreprises. En tant que professionnel du chiffre, il accompagne et conseille les dirigeants dans la gestion et le développement de leur activité. Mais qu’en est-il des obligations légales qui incombent à cet acteur clé ? Cet article vous propose d’examiner en détail les différentes responsabilités qui pèsent sur les épaules de l’expert-comptable.
1. Le respect du cadre légal et réglementaire
L’expert-comptable est soumis à un ensemble de règles strictes, édictées par la loi, le Code de commerce et le Code général des impôts. Il doit également se conformer aux normes professionnelles prévues par l’Ordre des experts-comptables, ainsi qu’à diverses dispositions spécifiques applicables à son secteur d’activité (ex : normes comptables internationales).
Il convient notamment de rappeler que l’exercice illégal de la profession d’expert-comptable est passible de sanctions pénales (article L. 123-1 du Code de commerce).
2. L’inscription au tableau de l’Ordre des experts-comptables
Pour exercer légalement sa profession, l’expert-comptable doit être inscrit au tableau de l’Ordre, qui répertorie tous les professionnels autorisés à pratiquer en France. Cette inscription est soumise à des conditions strictes, telles que la détention du diplôme d’expertise comptable et le respect des règles déontologiques.
L’inscription au tableau de l’Ordre confère à l’expert-comptable le titre de professionnel libéral, ce qui implique notamment une obligation de formation continue pour maintenir et développer ses compétences (article 22-1 de la loi n° 71-1130 du 31 décembre 1971).
3. Le respect des obligations déontologiques
En tant que professionnel réglementé, l’expert-comptable est soumis à un code de déontologie, qui fixe les principes fondamentaux auxquels il doit se conformer dans l’exercice de sa profession. Parmi ces principes, on peut citer :
- L’indépendance : l’expert-comptable doit préserver son indépendance vis-à-vis de ses clients et éviter tout conflit d’intérêts (article 2 du code de déontologie).
- Le secret professionnel : il est tenu au secret à l’égard des informations confidentielles dont il a connaissance dans le cadre de sa mission (article 6).
- La probité et la loyauté : il doit agir avec honnêteté et loyauté envers ses clients et les tiers (article 3).
- La compétence : il doit maintenir et améliorer ses compétences professionnelles et celles de ses collaborateurs, notamment par la formation continue (article 4).
Le non-respect de ces règles déontologiques peut entraîner des sanctions disciplinaires, allant de l’avertissement à la radiation du tableau de l’Ordre.
4. Les obligations en matière d’assurance responsabilité civile professionnelle
L’article L. 822-1 du Code de commerce impose à l’expert-comptable de souscrire une assurance responsabilité civile professionnelle, afin de garantir sa responsabilité en cas de faute ou de négligence commise dans l’exercice de sa mission. Cette assurance doit couvrir les dommages causés aux clients et aux tiers, ainsi que les frais de justice éventuels.
En cas d’absence d’assurance, l’expert-comptable s’expose à des sanctions pénales et disciplinaires, ainsi qu’à une possible action en responsabilité civile engagée par la victime du dommage.
5. Les obligations vis-à-vis des clients
Dans le cadre de sa mission, l’expert-comptable est tenu à plusieurs obligations vis-à-vis de ses clients :
- L’établissement d’une lettre de mission : ce document écrit définit les conditions générales et particulières du contrat qui lie l’expert-comptable à son client (article L. 822-6 du Code de commerce).
- La réalisation des travaux comptables : il doit effectuer les travaux confiés par le client avec compétence, rigueur et dans le respect des normes comptables en vigueur.
- Le conseil et l’assistance : il doit conseiller son client à la lumière de sa situation et de ses objectifs, et l’assister dans la prise de décision.
- La communication régulière d’informations : il doit tenir son client informé de l’avancement des travaux, des résultats obtenus et des éventuelles difficultés rencontrées.
En cas de manquement à ces obligations, l’expert-comptable peut voir sa responsabilité contractuelle engagée par son client. Il est donc important qu’il mette en œuvre toutes les diligences nécessaires pour assurer la qualité de ses prestations.
6. La lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme
Au même titre que les autres professionnels du secteur financier, l’expert-comptable est soumis aux obligations de vigilance prévues par le Code monétaire et financier en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT).
Ces obligations comprennent notamment :
- L’identification des clients : il doit vérifier l’identité des clients et leur représentant légal, ainsi que celle des bénéficiaires effectifs (article L. 561-5).
- L’évaluation des risques : il doit procéder à une analyse des risques de blanchiment et de financement du terrorisme liés à la relation d’affaires (article L. 561-4-1).
- La déclaration de soupçon : il doit signaler à TRACFIN, sans tarder et de manière motivée, toute opération ou information dont il a connaissance qui pourrait constituer un indice de blanchiment ou de financement du terrorisme (article L. 561-15).
Le non-respect de ces obligations expose l’expert-comptable à des sanctions administratives pouvant aller jusqu’à 5 millions d’euros, ainsi qu’à d’éventuelles sanctions pénales pour complicité de blanchiment ou de financement du terrorisme.
Au regard de l’ensemble de ces obligations légales, il apparaît clairement que l’expert-comptable joue un rôle central dans la vie économique et financière des entreprises. Sa responsabilité est engagée à plusieurs niveaux et son respect des règles en vigueur est crucial pour garantir la qualité et la sécurité des prestations qu’il offre à ses clients.