Le développement exponentiel de l’intelligence artificielle (IA) soulève des questions inédites quant à son intégration dans divers domaines, notamment celui du droit des contrats. Cet article vise à analyser les enjeux et conséquences juridiques que peut engendrer la mise en place de l’IA dans la formation, l’exécution et la responsabilité liée aux contrats.
1. Formation du contrat et intelligence artificielle
Dans le droit des contrats, la formation d’un contrat repose sur la rencontre d’une offre et d’une acceptation émanant de deux parties ayant la capacité juridique de contracter. L’introduction de l’IA dans ce processus interroge sur sa capacité à être considérée comme une partie contractante.
En effet, si l’IA est conçue pour effectuer des opérations automatisées sans intervention humaine, elle n’a pas, en tant que telle, la personnalité juridique nécessaire pour être une partie contractante. Néanmoins, il est possible d’envisager une situation où l’IA agirait en tant que mandataire ou représentant d’une personne physique ou morale ayant la capacité juridique de contracter. Dans ce cas, c’est cette dernière qui serait engagée par les actes de l’IA.
« L’intelligence artificielle n’a pas, en tant que telle, la personnalité juridique nécessaire pour être une partie contractante. »
2. Exécution du contrat et intelligence artificielle
L’intelligence artificielle peut également avoir des répercussions sur l’exécution des contrats, en particulier dans le cadre de contrats dits « intelligents » (smart contracts). Il s’agit de contrats automatisés, dont l’exécution est déclenchée par la réalisation de certaines conditions préalablement définies et inscrites dans un protocole informatique.
Ce type de contrat présente plusieurs avantages, tels que la rapidité d’exécution, la réduction des coûts liés à l’intervention humaine et la diminution des risques d’inexécution. Toutefois, il soulève également des questions juridiques, notamment en ce qui concerne la responsabilité en cas de non-exécution ou d’exécution défectueuse du contrat. En effet, si le contrat intelligent est exécuté par une IA, à qui incombe la responsabilité en cas de problème ?
3. Responsabilité liée aux contrats et intelligence artificielle
Dans le droit des contrats, la responsabilité est généralement imputée à celui qui a commis une faute ayant causé un préjudice à autrui. Or, avec l’introduction de l’IA dans les relations contractuelles, il devient difficile d’identifier la source de la faute et donc d’attribuer la responsabilité.
Plusieurs pistes peuvent être envisagées pour répondre à cette question. D’une part, on peut considérer que c’est le concepteur ou le fabricant de l’IA qui doit être tenu responsable, en vertu de la responsabilité du fait des produits défectueux. D’autre part, on peut envisager que la responsabilité incombe à l’utilisateur de l’IA, qui doit veiller à ce que celle-ci fonctionne correctement et ne cause pas de préjudice aux autres parties contractantes.
Enfin, une autre option serait de reconnaître une forme de responsabilité propre à l’IA, en lui accordant une personnalité juridique spécifique. Cette solution est toutefois controversée et soulève des questions complexes quant à la définition du statut juridique de l’IA et aux modalités d’indemnisation des victimes.
« Il devient difficile d’identifier la source de la faute et donc d’attribuer la responsabilité dans les relations contractuelles impliquant l’intelligence artificielle. »
4. Conseils professionnels pour anticiper les enjeux juridiques liés à l’intelligence artificielle
Afin d’anticiper au mieux les conséquences juridiques de l’introduction de l’IA dans le droit des contrats, il est recommandé aux professionnels concernés de :
- Se tenir informés des évolutions législatives et jurisprudentielles en matière d’intelligence artificielle
- Prévoir des clauses spécifiques dans les contrats relatifs à l’utilisation ou à la fourniture d’une IA, afin de déterminer précisément les obligations et responsabilités de chacune des parties
- Veiller au respect des réglementations en vigueur, notamment celle relative à la protection des données personnelles, lors de l’élaboration et de l’utilisation d’une IA
En tenant compte de ces recommandations, les professionnels pourront mieux appréhender les enjeux juridiques liés à l’intelligence artificielle et ainsi sécuriser leurs relations contractuelles.
Le développement rapide de l’intelligence artificielle et son intégration dans le droit des contrats soulèvent des questions inédites quant à la formation, l’exécution et la responsabilité liées aux contrats. Si l’IA n’a pas en tant que telle la personnalité juridique nécessaire pour être une partie contractante, elle peut néanmoins agir en tant que représentant d’une personne ayant la capacité juridique. Les contrats intelligents automatisés offrent des avantages indéniables, mais leur exécution par une IA pose la question de la responsabilité en cas de problème. Plusieurs options sont envisageables pour attribuer cette responsabilité, sans qu’aucune ne fasse encore consensus. Enfin, il est essentiel pour les professionnels concernés de se tenir informés des évolutions législatives et jurisprudentielles relatives à l’IA et d’adapter leurs pratiques contractuelles en conséquence.